Les louveteaux (partie 10)
Bah ça alors! Quelle coïncidence!
-"Effectivement, il me semble que nous nous connaissons" répondit humblement Goupil.
Nous connaître ? Selon mon souvenir, nous nous étions seulement croisés. Il me jeta un regard curieux.
-"Enfin, je crois. Mes souvenirs sont très flous."
Alors que je comptais me défiler pour aller chercher plus de détails dans ma mémoire, un autre souvenir émergea.
Dans une clairière, deux meutes envahissaient les lieux. Une meute composée de loups gris-roux et une autre, mélange de loups noirs et blancs, roux, gris-roux ou entièrement noirs.
Je me tenait auprès d'un Goupil plus jeune, plus hésitant, plus apeuré encore, sous le couvert des arbres. Nous regardions le nombre de loups augmenter. On en aurait quasiment cru qu'il y'avait cents bêtes, toutes plus grandes et plus impresionantes les unes que les autres. Il y en avait cependant seulement vingt-sept ayant atteint l'âge adulte.
Kimiko (ma mère !!!) et l'autre louve alpha noire et blanche surveillaient et commandaient une opération de construction et une autre d'observation.
-"Allez! fit-je, surexcitée. Allons-y!".
-"On est obligés? dit Goupil d'une toute toute minuscule voix terrifiée".
-" Non, soupirai-je. Mais j'aimerai quand même aller visiter notre nouvelle maison. Et aussi alller féliciter ma mère et la tienne pour la réussite de ce projet. Et aider à construire les barrières végétales. Et aller voir Shinaï et Haibe. Et..."
-" Bon d'accord, réussi-il à articuler la gorge nouée, malgré la peur qui lui serrait le ventre. On... on y va !" dit-il en essayant de prendre un air courageux. Ça ressemblait plutôt à un bananier qui essayait de prendre l'air imposant, mais bon... puisqu'il avait dit oui...
-" YOU-HOU!!!" hurlai-je en débouchant dans la clairière.
Goupil me suivit, totalement paniqué. Il avait horreur de se faire remarquer, et je le savait. C'était pour ça que j'avais hurlé. Rien que pour l'embêter, lui et son petit museau froncé en permanence par la peur. Je lui adressait un clin d'oeil, qu'il ne remarqua même pas, tellement il était occupé à se faire tout petit minuscule comme une fourmi. Les autres le trouvaient rabat-joie, mais moi j'avais compris qu'il était juste timide et peureux à en avoir peur de son ombre. Je m'en fichais.
C'était justement ce côté de sa personnalité que je préferais. D'un bond, je me retournais vers lui et lui sautais dessus rien que pour continuer à le taquiner.
-"Mais bien sûr qu'on se connait !" m'exclamais-je un peu trop fort en sortant du sable mouvant de mes pensées.
Cela le fit sursauter. Oh oui, c'était bien lui.
-"Goupil de la meute binoire, où plutôt de la Grande Meute, la nôtre, c'est ça? On a passé la majeure partie de notre enfance ensemble, à partir de nos quarts printanniers.".
Quelques regards curieux commencèrent à se tourner vers nous.
-"Oui, oui. C'est ça" répondit-il d'une voix fluette.
-" Ici, on s'habitue vite au poisson, reprit-il du même air de bananier qui essaie d'être imposant que dans mon souvenir. C'est paisible depuis très très longtemps et ça devrait le rester pour encore très très longtemps. Par contre on trouve encore que je suis rabat-joie. Je fais des efforts pourtant! Lu'une et Ja'anin sont les seuls à être rester gentils avec moi. Mais c'est cool de te retrouver!"
Il s'embrouillait dans ses phrases. Comme depuis toujours, j'avais l'impression. C'était trop mignon.
-"Et c'est très bien organisé tu sais? Lu'une sera un jour la louve alpha. Il paraît qu'elle veut me choisir comme compagnon. Tu sais ce que je devrais répondre ? Enfin, c'est ..... qui me l'a dit et il n'est pas très fiable mais..."
Je fronçais les sourcils sans écouter la suite. Lu'une, avec Goupil ?Mon cerveau n'aimait pas du tout ça, mais alors pas du tout. J'eux un pincement au coeur en les imaginants tous les deux. Je chassait vite cette image de mon esprit.
"Ça ne marcherait pas entre eux", dit-je d'un ton suffisant dans ma tête. Mais une autre voix, perfide, racontait le contraire:
"et sssi ççççça marchait ?" Mais non ! Il ''paraissait". Ce n'était peut-être pas vrai.
'Mais peut-être que ssssi' reprit la voix perfide.
-"...et je commence à avoir faim. C'est pratique l'expédition ''ramène du poisson'' des pêcheurs. Ils vont pas tarder a rabattre le poisson. J'ai très faim. Ah ! Ils arrivent".
A suivre...