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27 mars 2020

Les louveteaux (partie 11)

Un torrent de poissons de toutes les couleurs se déversa dans la cascade.

Tous les loups se précipitèrent dessus d'un même mouvement. Goupil faisait partie de cette furieuse mêlée. Il se débrouillait tant bien que mal pour se frayer un chemin entre tout ce monde. Les autres ne se gênaient pas pour le pousser et le balloter d'un côté à l'autre de cette foule furieuse et affamée.

Ayant une carrure plus imposante que lui, je n'eux aucun mal à arriver au bassin qui frétillait de poissons multicolores de tous côtés. Après une lutte acharnée, je réussis a attraper un gros poisson rouge qui faisait plus de la moitié de ma taille.

Quand je ressortis de cette furieuse lutte pour de la nourriture qui arrivait pourtant en quantité, je vis Goupil, l'air dépité, qui n'arrivait toujours pas a accéder au bassin. Je m'avançais vers lui.

-"Tu veux qu'on partage?" lui proposais-je. Il s'empressa de répondre.

-"Merci. Je n'arive jamais à accéder au lac à cette heure et à la fin je me retrouve avec trois petites miettes. On va manger au-dessus de la cascade ?".

-" Je veux bien, oui." répondis-je d'un air enjoué.

Nous contournâmes la foule de loups déchainés puis passâmes par le petit escalier en pierres pour aller s'installer au-dessus du lac. D'une griffe tremblante, Goupil tenta vainement de couper le poisson en deux. Je m'y essayais à mon tour. Sans grand succès.

Ja'anin arriva, suivit de Lu'une. lls avaient eu aussi pris un grand poisson. Ils s'installèrent sur l'autre rive et découpèrent d'une griffe experte leur poisson en quatres parts égales, l'air moqueur mais pas méchant. Quand à nous, nous finîmes par nous débrouiller pour que notre poisson soit séparé en deux parties à peu près égales. J'insistai pour que Goupil prenne la plus grosse, qu'il refusa cependant par politesse. Je voyais bien qu'il en avait très envie. Il finit par céder et prit la plus grosse part, s'efforçant de masquer sa joie.

Je commençais à machouiller mon bout de poisson sans grande conviction. Ce goût me donnais envie de vomir. Je remarquais que cela faisait le même effet à mon camarade, qui se forçait à avaler. Pourquoi ?

-"Si tu n'aimes pas, je pense que tu peux le laisser. Ma'aht te l'as autorisé, je suppose?" lachais-je. Il sursauta.

-"Chuuuut. Bien sur que je n'aime pas ça mais après les autres se moquent de moi et m'ignorent. Ils me mordent et m'insultent parce que je suis différent." chuchota-il.

Un pic de colère froide m'envahit. C'était de l'injustice totale. Du racisme entre loups. ÇA NE SE FAISAIT PAS. MAIS ALORS PAS DU TOUT. Moi, je n'aimais pas mon poisson. Je le laissais. Je jetais mon déjeuner dans la rivière puis hélais Goupil:

-" Viens, lui dit-je. On va cueillir des fruits. ET TANT PIS POUR LES AUTRES SI ILS SONT PAS CONTENTS! ILS N'ONT QU'A ALLER SE FAIRE CUIRE UNE PÊCHE!" Vociférais-je.

-"D... d'accord!" répondit Goupil, surpris.

Je sortais en trombe du passage et longeais vite le chemin, jusqu'au trou dans la roche qui permettait d'accéder a la forêt. Mon camarade me suivait à grand-peine. Je sortis et arrivais à côté de la rivière. C'est là que je m'arrêtais. Je levais mon museau vers les cieux. J'humais avec délice toutes les senteurs de la fôret. Ici et là, je sentais l'odeur musquée du pin. Je détectais aussi du chêne, à l'odeur prenante. Une senteur plus ténue attira mon attention. Il y avait un cerisier dans un périmètre d'une centaine de mètres autour de nous, vers notre droite.

Un haletement sec me tira de mes rêveries sur le goût délicieux des cerises. Goupil m'avait enfin rattrapée. Je décidai de ne lui laisser aucun répit et reprit ma course vers le cerisier que j'avais senti. Il me suivit à son rythme (c'est-à-dire tout doucement). Quand nous arrivâmes enfin en vue du grand arbre, mon coeur se souleva de joie. Enfin quelque chose de bon à se mettre sous la dent ! J'évaluai automatiquement les prises qu'il y avait dans le tronc et le nombre de cerises que l'on pourrait ramener au camp. En quelques bonds, je montai au sommet de l'arbre, avant de croquer une cerise. Son goût sucré, légerement acidulé, sa texture fondante... aaaah.

-"J'avais oublié que c'était aussi bon!" m'exclamai-je en même temps que Goupil. Je le regardai, légèrement déroutée, avant d'éclater de rire. Il en fit de même.

-"Cette après-midi, j'ai envie de la passer à manger des cerises!" m'exclamai-je. 'seule avec toi' rajoutai-je dans ma tête. Je secouais fougueusement cette dernière avant de monter plus haut dans l'arbre pour accéder au soleil et aux goûteuses cerises allant avec.

A suivre...

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