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8 avril 2020

Les louveteaux (partie 17)

-"Oui, c'est bien moi."dit-elle sereinement.

Elle souriait, comme à son habitude, d'un air on ne peut plus calme.

-"Ki... kimiko?!s'étrangla Goupil. Vous êtes encore vivante ?! Qu'est-il arrivé aux autres ? Et Jais ? Maman ? Elle va bien? Et..."

Il se tut sous le regard désolé de ma mère.

-"Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'eux. Je crois que nous sommes les seuls survivants de la Grande Meute."

Elle leva gracieusement la tête vers les cieux.

-"Qu'ils reposent en paix, et que les chasseurs qui les ont tués meurent dans d'atroces souffrances."

Goupil hurla, fou de tristesse et de douleur:

-"C'est pas vrai !! C'est injuste !!!! Pourquoii?!!!" Tandis qu'un flot de souvenirs ressurgissaient de ma mémoire: 

Goupil, à côté de la chef de la meute binoire.

-"C'est trop bien d'avoir réussi à conclure cet accord de paix Maman!"

Ma mère surgit:

-"Jais ! Dinan te réclame ! Il y a un problème dans la construction de la barrière végétale!"

-"Goupil! Attends-moi là où alors va te promener un peu dans ce nouveau camp. J'espère que tu vas te faire plein d'amis!#

Goupil, désemparé, se mit à tourner en rond à l'endroit où sa mère se trouvait peu auparavant. Je m'avançais vers lui:

-"Ça va, petit loup craintif qui semble totalement innofensif et apeuré? "

Goupil sursauta.

-"T'inquiète pas ! Je disais juste ça pour rire. Mon pauvre ! Pourquoi tu ne vas pas jouer avec les autres? Tu n'as pas l'air d'être ami avec grand-monde."

Il répondit:

-"Ils veulent pas jouer avec moi. Ils disent que je suis rabat-joie et que je suis nul."

-"En tous cas, pour moi, tu est plutôt marrant et sympa que nul et rabat-joie. En plus, ça existe pas quelqu'un qui est nul. Ceux qui sont nuls c'est ceux qui se croient tous-puissants alors qu'ils sont pas plus forts que des fourmis!!"  

-"Mais moi j'ai peur des fourmis!" répliqua Goupil.

-"Eh ben c'est des toutes petits minuscules fourmis qui font pas plus d'un millimaximètre et qu'ont écrase comme une pêche trop mûre pour qu'ils DÉCIDENT ENFIN DE SE TAIRE!!!!"

Moins inquiété, Goupil commenta tout de même:

-" C'est glauque ce que tu viens de dire."

Moi, excitée comme une puce, je répondit:

-"C'EST TOI QUI EST GLAUQUE D'ABORD!!!" Goupil sourit. 

       Autre souvenir:

Toujours dans la même clairière, des tas de loups s'affairent.

Il y a toujours les mêmes personnages: Moi, Goupil, Kimiko et Jais, mais il y a aussi les autres loups de la meute qui vaquent à leurs occupations.

Je gratte la terre jusqu'à faire un trou d'une griffe de profondeur à peine. Goupil, à côté de moi, et quatres autres petits louveteaux tous choupi-mignons, regardent attentivement ce que je fais. Une fois le trou terminé, je cours à l'autre bout de la clairière pour y prendre un gland, toujours suivie de mon petit cortège de louveteaux. Là, je commence à décortiquer la première couche (la plus épaisse) du gland. Je me retrouve avec la graine, qui était à l'intérieur. Je vais tremper cette graine dans un petit ruisseau non loin de là et revient près de mon petit trou. Je dépose délicatement la graine à l'intérieur puis recouvre le tout d'un peu de terre. Une fois cette délicate action terminée, je m'exclame:

-"Voilà une graine qui donnera un beau chêne. À vous d'en faire de même tout autour de la clairière. Je veux que tous vos chênes soient plantés à peu près à la même distance chacuns ! À mon commandement... plantez !"

Les cinq loups qui me regardaient se mirent d'un coup en mouvement pour aller se poster aux quatres coins de la clairière faire leurs petits trous, puis aller chercher leurs graines etc.

Moi, je m'occupais des arbres fruitiers. C'était plus délicat à planter. Je choisis trois amandiers (goût très agréable, produit beaucoup d'amandes), deux cerisiers (goût fondant en bouche et sucré. Quoi de plus à dire?) et cinq noisetiers (se conserve longtemps et produit aussi beaucoup de fruits).

Je les plantais en alternance dans la clairière et autour, en prenant bien soin de les arroser du mieux que je pouvais. J'étais fière que Kimiko et Jais m'aie confié la mission de m'occuper du ravitaillement et de la seconde barrière végétale. Nous avions terminé la première, constituée de lierre et hautes fougères entrelacées, mais il en fallait une deuxième, constituée de fougères, ronces, hautes herbes, framboisiers sauvages et mûriers épineux.

Les ronces, framboisiers et mûriers piqueraient ceux qui désireraient entrer au camp sans notre permission. Ces derniers produiraient aussi des fruits délicieux.

Mais pour l'instant le camp n'était pas assez organisé pour se défendre efficacement contre une attaque de grande ampleur. Ce n'était pas grave; les barrières étaient bientôt prêtes! 

Autre souvenir, du quart de printemps suivant:

 Le camp était en feu.

Je regardais avec dépit toutes nos défenses, toutes les choses que l'ont avait fabriquées, être réduites en cendre. Quel gâchis !

Un coup de feu retentit. Des chasseurs et leurs chiens émergèrent des broussailles, juste devant moi, amenant une odeur âcre avec eux. L'odeur de la mort.

Je bondis dans un arbre juste à temps. Une balle avait frôlé ma patte arrière. Les chasseurs tirèrent, tirèrent sur tous les loups qu'il y avait dans la clairière. Certains devinrent comme de marbre, et d'autres,  les plus jeunes, tremblants, restèrent au milieu, implorant pitié du regard.

Les deux-pattes échangèrent un bref grognement, rattachèrent leurs chiens et s'approchèrent doucement pour attraper mes semblables par la peau du cou, avant de leur passer une laisse.

Ils durent suivre ces monstres, bien malgré eux. Nous étions une espèce de loups spéciaux, car nous montions aux arbres. Mais ce n'était pas une raison pour massacrer les plus vieux, les plus aguerris, et garder les plus jeunes, pour les emmener je ne sais où.

Je regardais les corps immobiles de ceux qui avaient été mes amis. Où était Goupil ? Kimiko ? Jais ? Tous les autres qui m'avaient aidé à planter les graines ? Je descendis de mon arbre, car il commençait à prendre feu. Je ne voyais plus que du rouge, partout. Les chasseurs étaient partis, m'enlevant tous mes amis, mes connaissances. Le feu m'encerclait, le sang aussi. Je fuis, loin, loin et plongeais tête la première dans un ruisseau. Le choc émotionnel m'enleva mes souvenirs et je continuais mon parcours le plus loin possible de ce massacre.

Je retournais brutalement à la réalité. Je comprenais le choc de Goupil et m'approchais de lui pour le consoler.

J'avais brusquement retrouvé la mémoire et cela me faisait mal au plus profond de moi. Je me suis mise à renifler bruyamment. Les autres (Lu'une, Ja'anin, Re'eich) n'avaient pas tout compris, mais vinrent quand même nous consoler, Goupil et moi. Deux petits groupes se formèrent, nos amis nous entourèrent, les autres partirent.

Nous restâmes un long moment ainsi, jusqu'à ce qu'il fasse nuit. Je levai les yeux vers le ciel étoilé. une étoile filante passa dans le ciel, donnant une sorte de "signal" poétique. La petite troupe se mit lentement en route pour rentrer au campement. Je me sentais agréablement bien en compagnie de mes nouveaux amis. Cela me faisait chaud au coeur.

A suivre...

 

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