-Orchidée !
Je me sentait mal. Très mal. Très très mal.
Mais ce n'était pas une douleur physique.
(quoique ç'aurait été plus logique étant donné que je venais de recevoir une balle dans la poitrine)
Plutôt une douleur causée par le regret, la peine, la tristesse.
Peut-être aussi un peu par la faim.
-Orchidée ! Réveille-toi !
-Jeune homme, vous n'êtes pas encore remis de vos blessures !
-Orchidée doit se réveiller !
-Elle se réveillera quand elle se réveillera !
En attendant, soyez raisonnable et retournez vous coucher !
-Vous ne comprenez pas ! Elle DOIT se réveiller !
-Et VOUS, vous DEVEZ retourner au lit si vous voulez guérir ! Allez, pshipshitt !
-NON!
-Vous voulez vraiment des ennuis ?
-J'en ai déjà trop, alors je m'en fiche !
Orchidée, si tu m'entends, si te plait si te plait si te plait retiends au moins ça :
Il s'ensuivit une série de bruits étranges et incohérents,
ressemblant plus ou moins à des grognements.
-Grrr slooop slooop.
(ceci est la traduction écrite des bruits)
"Mais... c'est une combinaison de langue d'ours, ça..."
(combinaison de langue d'ours= phrase dans la langue des ours)
C'était assez rudimentairement prononcé, mais c'était bien la langue des ours.
"Grrr slooop slooop"
Malheureusement, je n'avais pas l'esprit assez clair pour comprendre le sens de cette phrase.
La dispute s'éteignit brusquement.
Je changeais la position de ma tête sur l'oreiller lorsque...
-Et sinon, tu comptes te réveiller quand ? dirent deux voix à l'unisson dans mon dos.
Je me retournais pour faire face à Blanche et Neige.
-Je vais les laisser poireauter encore un peu, répondit-je en ajoutant une lampe et une bibliothèque dans ma grotte.
-C'est qui, "les"? demanda Blanche.
-Le directeur et les infirmières où les garçons qui te courent après ? se moqua Neige.
-Où aloooors... continua Blanche
-... les garçons qui te courent après + un certain garçon dont le nom commence par "C" ? compléta Neige.
Elles ricanèrent.
C'était bizarre car à chaque fois (ou presque) elles complétaient leurs phrases l'une et l'autre.
Ce phénomène s'accentuait dans les grottes.
Je fronçais les sourcils, agacée, en essayant de masquer ma gêne.
-C'est pas vrai d'abord ! Colibri, c'est juste un ami.
-Orchidée, je lis dans tes pensées, alors n'essaye pas de me cacher quoi que ce soit.
C'est simple, tu ne PEUX pas me cacher quoi que ce soit.
-Grumf.
Mais... au fond, avaient-elles raison ?
Je revis son visage neutre il y a ce qui me semblait la veille au soir,
puis son expression de douleur intense lorsque qu'il s'était fait attaqué par l'ourse...
Il semblait si triste, au fond...
j'aurai tant aimé pouvoir le faire sourire.
Je le vis (cette fois, c'était mon imagination), souriant, l'air insouciant.
Sa silhouette se découpait sur un fond "coucher de soleil".
Il avait l'air soudainement si mature...
Je sursautais lorsqu'un écran télé affichant ce que j'étais en train d'imaginer apparut soudainement dans la salle.
Je me mis à paniquer en me rendant compte que je n'arrivais pas à le faire disparaître.
-Orchidée, je... je t'... , commença Colibri.
Nooooooooooooooooon ! Depuis quand j'imagine ça, moi ????!!!!
-... t'e@@@@@e, sale @@@@, $$££%%%, %¨P°009320°*£££...
Je réussis finalement à faire disparaître la télé,
et, accessoirement, à interrompre le flot d'insultes que me lançait le Colibri imaginaire.
Blanche et Neige arboraient une expression mi-déçues mi-suspicieuses.
-Rassure- nous, commença Neige,
-... tu as imaginé tout ça, bien sûr ? termina Blanche
-Non, fit-je tandis que la télé réaparaissait avec un grand "OUI!" marqué sur l'écran.
-I love you, beauty, fit Neige en prenant l'apparence du Colibri imaginaire.
"Pareil pour moi" dit la télé.
"Je hais les télés" afficha-elle ensuite.
-Ooooooh,comme c'est meugnon, notre petite Orchidée s'est entichée de son camarade aux cheveux teintés ! fit Blanche.
-Ce n'est pas de la teinture, d'abord ! répondit Neige qui avait prit mon apparence.
Il est cent-pour-cent naturel, mon roméo d'amuuuur !
Elle se transforma ensuite en une belle jeune file aux gros seins et habillée comme une princesse du moyen-âge,
et Blanche devint une sorte de beau gosse habillé à la Disney.
-Roméo, ooh mon Roméo, pourquoi es-tu Roméo ? s'exclama pompeusement Neige-Juliette en se jetant dans les bras de Blanche-Roméo.
Moi, j'étais furieuse.
-Vous pouvez vous moquer, moi j'ai un autre argument en réponse.
-Ah bon, c'est quoi alors ? demandèrent-elles en reprenant leur apparence normale, mais en restant dans les bras l'une de l'autre.
-Vous aussi, vous êtes trop meugnonnes ensemble, répondit-je en esquissant un sourire.
Elles rougirent toutes les deux de la racine des cheveux jusqu'au talon en se dégageant.
-Mais heu...
-C'EST MÊME PAS VRAI D'ABORD-HEU !
-Mais non non non non non non non non non non non.
-.... pas du tout!
Je fis un sourire de triomphe.
-Bah. C'est méchant. Pour la peine...
-...si tu ne te réveilles pas on vient te chercher et on te secoue jusqu'à ce que tu te... ben, réveilles, justement !
-Beuh, répondit-je, d'accooord... salut les filles ! On essaye de se revoir dans une de nos grottes disons, mercredi soir ?
-OK, firent-elles toutes les deux en même temps.
C'est quand même vachement pratique de pouvoir se rejoindre l'une-l'autre dans les grottes.
-Ouais. Vachement pratique... surtout pour que vous puissez vous déclariez votre amour tranquillement sans personne pour vous voir.
-Quoi ?! Qu'est-ce que tu viens de dire ? Reviens ici, garce !
-Troooop tard ! Allez salut !
J'ouvris la porte de la maison et traversait le jardin en courant pour ouvrir le portillon et enfin, me réveiller.
Lorsque j'ouvris les yeux, la première chose que je vis, c'était Colibri, penché au-dessus de moi.
À suivre...dieuuyyyyyyyyyyyyyyyyyyy