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11 avril 2020

Les louveteaux (partie 20)

J'étais un loup. Une louve.

Je pouvais pas savoir pleurer. Je n'étais même pas censée savoir que ça existait !

Je ne savais donc absolument pas comment je faisais. Tout ce que je savais, c'était que je le faisais. Le jeune chasseur devant moi paraissait héberlué.

De surprise, il laissa le coup partir de son bâton de mort. Il réussit à dévier la balle mais elle m'effleura tout de même l'épaule, laissant une peu profonde blessure. Je serrais les dents à cause de la douleur, tout en continuant de pleurer. Au bout d'un certain temps, il commença à renifler et  fondit en larmes.

-"Je suis un monstre! Un chasseur! Un braconnier sans vergogne ! Regardez cette pauvre petite louve ! J'ai détruit, anéanti sa tribu le mois dernier ! Et j'y ai pris du plaisir ! Je suis un monstre !" hurla-il, désespéré, la voix montant dans les aigus et descendant dans les graves à toute vitesse.

Il tomba à genoux devant moi et sortit une bande blanche de son sac. Il en sortit aussi une chose cylindrique bleue et blanche. Du désinfectant et des bandages, pensais-je. QUOI!!!??? Mais comment je connaissais le nom des machins de deux-pattes? Quoi qu'il en soit, je le savait. Il ouvrit le capuchon du désinfectant et fit deux *psshhiit psshhhiiiit* sur ma blessure.

Cela picota un peu au début puis ça atténua la douleur due à ma plaie. Il prit ensuite le bandage et m'entoura l'épaule avec. Cela stoppa vite le saignement. Ses confrères chasseurs qui étaient descendus dans l'étang pour y chercher leurs armes se tournèrent vers lui avant que l'un des deux ne lance, étonné:

-"Mais qu'est-ce que tu fais?"

L'autre répondit, la voix brisée:

-"Nous sommes des monstre! Regardez cette pauvre mignonne ! C'est une survivante du massacre du mois dernier ! Nous avons tué sa famille sans pitié et nous ne nous sommes même pas rendu compte qu'on lui faisait du mal ! Elle à perdu plein de famille, d'amis dans cet incendie !"

Il continua encore un peu sa phrase:

-"Nous sommes des monstres..."

Les autres, qui étaient trempés jusqu'aux ventre, cherchant toujours leurs armes, répondirent du tac au tac:

-"Mais qu'est-ce qu'il te prends ? Ressaisis-toi, voyons!"

-"J'ai vu un loup pleurer... c'est la fin de ma carrière de chasseur... vu ce qu'on leur a fait, c'est à eux de choisir ce qu'il adviendra de nous... j'appelle la police..."

Il sortit un boîtier noir de sapoche et commença à trifouiller quelque chose dessus.

-"MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS ??!! DONNE-NOUS ÇA VITE OÙ ALORS TU NOUS LE PAIERAS CHER!!" rugit un des deux chasseurs qui barbotaient encore dans l'eau, avant de se précipiter sur celui qui m'avait soigné.

-"Allo police? C'est pour faire un aveu..."

À ce moment précis, quelque chose de "magique" s'opéra. Tous les loups, des plus jeunes aux plus vieux, des blessés à ceux en bonnes santé, tous les loups avaient compris que le plus jeune chasseur était passé de nôtre côté.

Ils se mirent tous à grogner, puis se précipitèrent d'un seul mouvement sur les deux braconniers qui se précipitaient eux-même sur le plus jeune deux-pattes, qui continuait à parler au boîtier. Les deux-pattes les plus vieux s'arrêtèrent net avant de foncer vers la sortie du campement, la meute entière brulant d'une soif de vengeance à leur trousses.

Je pris la tête de ce "clan" entourée de Lu'une, Ja'anin, Goupil et Re'eich. Je savais très bien où je voulais emmener les deux-pattes. La meute se sépara en cinq pour encercler les braconniers et les empêcher de tourner de leur propre gré. Nous arrivâmes bientôt au lieu où il y avait eu le combat.

Les braconniers glissèrent dans l'eau tandis que les loups les encerclaient de tous côtés, se glissant dans l'eau doucement pour effrayer encore plus les chasseurs.

Mes amis, Kimiko et moi montèrent aux arbres et nous postèrent juste au-dessus des deux-pattes, avant de leur sauter dessus. Nous les griffâmes jusqu'à l'arrivée du plus jeune avec son boîtier. Là, la meute s'évanouit doucement dans les bosquets pour retourner au camp. Goupil et moi enpruntâmes un autre chemin, seuls tous les deux. Nos pas nous menèrent vers le grand cerisier, que nous escaladâmes tous deux en silence, jusqu'au faîte de l'arbre. Un long silence suivit, troublé seulement par le chant des oiseaux et des rivières (il n'en manquait pas dans la région).

Au bout d'un certain laps de temps, je réussis à trouver en moi le courage de lui dire ce que je n'avais jamais osé lui dire:

-"Goupil?"dit-je d'une voix douce.

-"Oui?" répondit-il, intrigué. Je poursuivit sur le même ton:

-"Je t'aime."

Ses yeux étincelèrent sous la lueur de la lune et des étoiles à peine levées. Il me murmura en réponse, d'un murmure si murmuré que j'entendis à peine:

-"Que te dire en réponse pour ne pas te mentir ? Moi aussi je t'aime, de tout mon coeur !" je lui sourit. Après toutes ces péripéties, j'étais heureuse de pouvoir décider enfin de ma vie.

Je me perdis avec Goupil dans le scintillement des étoiles et de la lune, enfin heureuse, enfin comblée, enfin libre.

FIN

 

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